Livreurs à vélo : une coop pour en finir avec "l'ubérisation à la Germinal"

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Livreurs à vélo : une coop pour en finir avec "l'ubérisation à la Germinal"

Date: 16 September 2016 | 8:52 am

Il se revendique comme un vétéran des livreurs de repas à vélo. Après avoir écumé plusieurs de ces entreprises de foodtech, qui mettent en relation un restaurateur et un client par le biais d’un livreur cycliste (Tok Tok Tok, Take Eat Easy, Deliveroo), Jérôme Pimot travaille désormais pour une “PME classique”. Sans perdre de vue son objectif : 

“Nous devons mettre ce système à terre.” 

Avec le Collectif des coursiers franciliens, qu’il a cofondé cet été et qui fédère quelque 800 livreurs à vélo sur une page Facebook, il se bat pour la requalification des contrats de ces “faux indépendants”.

Managers plus ou moins pressants, uniforme obligatoire, planning… Si cela ressemble à du salariat, le statut d’auto-entrepreneur est pourtant nécessaire pour travailler avec les plateformes. Elles ne paient ainsi pas de charges, et les livreurs n’ont aucune protection sociale. “C’est un travail tellement dangereux qu’on devrait être hyper protégé”, fait valoir l’ancien livreur.

Merci Take Eat Easy

Aucune protection non plus pour les cyclistes lorsqu’une plateforme met la clef sous la porte : le 26 juillet, Take Eat Easy fermait boutique, prévenant ses 4.500 livreurs auto-entrepreneurs le matin même. Ils n’ont jamais été payés pour les courses effectuées en juillet.

“La faillite de Take Eat Easy a accéléré le mouvement. Quelques jours après la fermeture, les fondateurs mettaient sur Instagram des photos de leur week-end au Touquet”, explique le livreur vétéran.

“Au début, tout le monde trouvait l’ubérisation formidable. J’essayais d’expliquer aux autres livreurs que le droit du travail, ce n’est pas rien… Avec la fermeture de Take Eat Easy, beaucoup ont pris conscience de la situation.”

Le collectif s’emploie depuis à fédérer les livreurs de Take Eat Easy pour saisir les prud’hommes et percevoir les revenus de juillet. 

Une coop avec la ville de Paris

Désireux de sortir de “cette ubérisation qui nous ramène à Germinal” et persuadé que “le vélo est un outil de révolution dans l’univers du travail”, l’ancien livreur réfléchit aussi avec le Collectif des coursiers à la création d’une Société coopérative d’intérêt général (SCIC), à laquelle prendraient part les livreurs et la Mairie de Paris.

Le projet est porté par la conseillère de Paris Danielle Simonnet, du Parti de gauche. Elle a rédigé avec eux un projet de vœu qui sera déposé lundi 19 septembre, puis soumis à un vote. “Un engagement de la mairie de Paris serait cohérent”, explique-t-elle à “l’Obs”, citant la prudence de la maire socialiste Anne Hidalgo sur d’autres pans de “l’économie collaborative” comme Airbnb et le système de livraison d’Amazon.

La forme précise de la coopérative reste à définir, mais elle pourrait ressembler à la Gescop, une coopérative francilienne regroupant 1.200 taxis. “Ils bénéficient d’une souplesse horaire mais aussi de la protection sociale qui va avec le statut de salarié”, explique Danielle Simonnet.

De son côté, Jérôme Pimot a aussi engagé une action contre Tok Tok Tok – entreprise française aujourd’hui fermée puis rachetée – “pour être requalifié en tant que salarié sur la base des méthodes de travail”. Il tente de montrer l’existence d’un lien de subordination qui l’unissait à la plateforme. Et nous l’assure : “Le vent tourne.”

A.R.

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