Après une série de suicides, les infirmiers se mobilisent

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Après une série de suicides, les infirmiers se mobilisent

Date: 14 September 2016 | 6:43 am

Un appel à la grève nationale est lancé ce mercredi pour dénoncer le malaise qui touche la profession. Les syndicats dénoncent le manque d’écoute de la ministre de la Santé, Marisol Touraine.

Fatigue, exaspération et tristesse: c’est ce que les infirmières et infirmiers entendent exprimer ce mercredi dans la rue. A l’appel de la Coordination nationale infirmière (CNI), l’un des principaux syndicats de la profession, un rassemblement est prévu à 11h, au rond-point de l’hôtel de ville de Martigues près de Marseille. Tous les professionels sont appelés à venir vêtus de leurs blouses blanches et d’un brassard noir. Ceux qui ne pourront pas se déplacer sont invités à porter le brassard toute la journée à l’hôpital. «Lors du rassemblement, nous observerons une minute de silence en hommage à nos collègues décédés cet été», précise Nathalie Depoire, présidente du CNI.

Cinq infirmiers se sont en effet donnés la mort depuis juin, à Toulouse, au Havre, à Saint-Calais, près du Mans, et à Reims. Seul le suicide survenu à Toulouse a pour le moment officiellement été reconnu comme un accident du travail. Mais pour les syndicats, tous sont liés à la dégradation des conditions de travail. «Au Havre, l’infirmière met clairement en cause l’hôpital dans une lettre. Elle a été transférée dans un service qu’elle ne connaissait pas, sans accompagnement. Il y a eu un problème dans une prise en charge et elle a culpabilisé», confie Nathalie Depoire. «À Saint-Calais, c’est un cadre de santé qui a été forcé par la direction d’imposer aux infirmiers des décisions qui n’étaient pas les siennes. A Reims, ce sont deux infirmières d’un même service qui ont mis fin à leurs jours», énumère-t-elle.

Pour le CNI, la liste des maux est longue: rythme de travail effréné, demande d’une polyvalence absolue sans accompagnement, non-prise en compte des compétences… «La surcharge de travail s’amplifie années après années. Les consignes des ministères sont claires: il faut faire des économies, et on les fait sur le personnel. Les départs ne sont pas remplacés», explique la présidente du syndicat. Le plan d’économies de 3 milliards d’euros demandé à l’hôpital sur trois ans jusqu’en 2017 amplifie le phénomène, selon elle. «Ce n’est pas tenable. À force de tirer sur la corde, on ne pourra plus tenir. Il y a des clignotants d’alarme partout, beaucoup de collègues sont en arrêt de travail. La marmite est prête à exploser», décrypte-t-elle.

Critiquée pour sa réaction tardive suite aux suicides qui ont endeuillé la profession cet été, la ministre de la Santé, Marisol Touraine, a réagi la semaine dernière. Elle a notamment rappelé que des mesures avaient été prises dès 2012 pour les risques psycho-sociaux et confirmé travailler à de nouvelles mesures. «J’annoncerai un plan à l’automne pour les professionnels de santé», a-t-elle assuré. Trop tard et surtout trop insuffisant pour les syndicats. «La démarche a été lancée en 2012 mais nous sommes en 2016 et il faut désormais des actes. Il faut que ça aille beaucoup plus loin que la rédaction de rapports. Il faut des moyens pour remédier à la cause du mal plutôt que de chercher à le guérir une fois qu’il est là», s’agace Nathalie Depoire.

Malgré des contacts avec le cabinet de la ministre, le CNI regrette de ne pas avoir pu rencontrer directement la ministre de la santé. Ses représentants souhaitent lui présenter ses propositions, notamment «l’attribution de fonds» pour gérer les embauches, la «définition de ratios soignants au lit du patient par spécialité» ou encore le «renforcement des services de santé au travail». «Il faut surtout que l’on soient entendus, que le malaise des infirmiers sortent des couloirs. Il faut briser l’omerta. Des vies sont en jeux, aussi bien celles des infirmiers que des patients», prévient la présidente de la CNI.

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