Alstom vs Hollande : le bras de fer s'engage

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Alstom vs Hollande : le bras de fer s'engage

Date: 13 September 2016 | 10:21 am

La rupture semble consommée. Alors que François Hollande avait annoncé lundi à l’issue d’une réunion interministérielle d’urgence n’avoir qu'”un seul objectif et un seul“, celui de “sauver les activités ferroviaires d’Alstom à Belfort”, le chef de l’Etat a assuré, ce mardi 13 septembre, depuis Bucarest que “tout” serait fait pour que le site, dont la direction a annoncé l’arrêt de la production de locomotives, soit maintenu “pour de nombreuses années”.

Sauf que dans un message de la direction adressé aux salariés, le patron d’Alstom affirme dans le même temps que la pénurie de commandes rend “aujourd’hui impossible […] un avenir pérenne pour les activités du site de Belfort”. L’Etat, qui siège au conseil d’administration du groupe, détient 20% des droits de vote.

Entre l’Etat et la direction du groupe, un bras de fer s’engage.

Coups de pression de l’exécutif

“Je l’assure ici : tout sera fait pour que le site de Belfort puisse être pérennisé. Ça veut dire pour de nombreuses années”, a déclaré François Hollande lors d’une conférence de presse depuis la Roumanie, où il est en visite d’Etat. Un épisode de plus de la mission de sauvetage dans laquelle s’est lancé l’exécutif depuis l’annonce de la fermeture du site de Belfort la semaine dernière.

Manuel Valls, Ségolène Royal etc., le gouvernement dénonce depuis en choeur les méthodes “brutales” et “inacceptables” du groupe et le PDG d’Alstom s’était même vu imposer une “phase de négociation” après sa convocation express à Bercy jeudi dernier.

“Nous l’avons dit cette semaine aux dirigeants […] On ne peut pas prendre de telles décisions ainsi”, a taclé Manuel Valls dimanche lors du “Grand rendez-vous” organisé par la radio Europe 1, la chaîne iTélé et le quotidien économique “Les Echos”.

Lundi, Alain Vidalies, le secrétaire d’Etat chargé des Transports, avait également avancé que l’usine de Belfort resterait un site de production “dans les mêmes proportions qui existent aujourd’hui”.

L’Etat était-il au courant ?

Mais ces effets de manche qui ne semblent pas avoir convaincu la direction du groupe. “Nous avons maintenu une production à Belfort aussi longtemps que nous l’avons pu”, assure désormais le patron d’Alstom, Henri Poupart-Lafarge, dans un communiqué transmis aux salariés. Le PDG ajoute avoir d’ailleurs “alerté les pouvoir publics sur cette situation depuis plusieurs mois”.

Une précision qui contredit la position du gouvernement, qui jure avoir été pris au dépourvu par le groupe. Le secrétaire d’Etat à l’Industrie, Christophe Sirugue, a assuré ce mardi que l’Etat n’avait pas été “informé du tout” de la volonté d’Alstom d’arrêter la production ferroviaire sur son site de Belfort, ce qui constitue à ses yeux une “faute”.

“A l’évidence, l’ensemble des acteurs économiques et politiques connaissent la difficulté du carnet de commandes d’Alstom”, a-t-il déclaré sur LCI.

“Ce dont nous n’étions pas informés du tout, c’est de la proposition formulée par le PDG d’Alstom qui aboutit à la fermeture du site de Belfort”, a ajouté Christophe Sirugue.

L’Etat n’était pas au courant “pour une raison assez simple, c’est que le PDG n’a pas fait cette information devant les instances normales de l’entreprise, c’est-à-dire devant le conseil d’administration”, dans lequel siège un représentant de l’Etat, a-t-il remarqué.

“C’est une faute qui a justifié que nous puissions demander au PDG d’Alstom de venir à Bercy, de nous expliquer ce qui s’était passé, de lui dire très clairement que nous trouvions ce procédé tout à fait scandaleux”, a-t-il affirmé.

Christophe Sirugue doit recevoir à 14 heures à Bercy les syndicats du constructeur ferroviaire. De son côté, Manuel Valls a réagi au communiqué transmis par la direction du groupe ce mardi : “Il est hors de question que le site de Belfort ferme”, a-t-il tranché.

L.B. 

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