Quels dirigeants ont le plus favorisé les riches ? La réponse en graphiques

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Quels dirigeants ont le plus favorisé les riches ? La réponse en graphiques

Date: 12 September 2016 | 4:16 pm

Branko Milanovic, ancien économiste à la Banque Mondiale et spécialiste des inégalités, a le talent des graphiques qui parlent. On lui doit la courbe dite “de l’éléphant”, qui a fait le tour du monde, parce qu’elle résume en un coup d’oeil les effets de la mondialisation. Depuis quelques jours, il tweete un autre genre de courbes : celles qui décrivent le sort des citoyens, en terme de pouvoir d’achat, sous les mandats des chefs d’Etat et de gouvernement. Si ces courbes s’élèvent de gauche à droite, c’est le symptôme que le gouvernement a suivi une politique favorable aux riches. Si elles baissent, c’est au contraire le signe qu’il a favorisé les classes populaires.

La méthode est simple : Branko Milanovic calcule, pour chaque mandat, la hausse du revenu réel par “décile” (par tranche de de 10% : des 10% les plus pauvres aux 10% les plus riches). Il ne lui reste plus qu’à dessiner la courbe. 

Les dates ne correspondent pas toujours exactement à celles des mandats, car Branko Milanovic s’est basé sur les statistiques de la Luxembourg Income Study, qui ne sont pas annuelles. “J’ai fait en sorte qu’elles coïncident au mieux”, explique-t-il.

Voici par exemple la courbe des présidents américains : 

 

 Comme on peut le constater :

  • la courbe de Ronald Reagan (orange) est la plus pentue, donc la plus “pro-riches”.
  • Celle de George W.Bush (jaune) a une orientation semblable, mais le président républicain “a été moins efficace” que son prédécesseur, ironise Branko Milanovic.
  • Celle de Bill Clinton (grise) est la plus équitable : tout le monde a bien profité de la croissance, et les revenus des moins riches ont davantage augmenté que ceux des plus riches.
  • Enfin, celle d’Obama, ici dans la période “crise”, est quasiment plate : les revenus ont légèrement augmenté pour les plus pauvres, légèrement baissé pour les plus riches. 

Royaume-Uni

Passons au Royaume-Uni. Première impression, les courbes sont moins pentues, sauf une.

  • Sans surprise, la période la moins “progressiste” est celle de Margaret Thatcher (orange).
  • Les courbes les plus équitables sont celles des travaillistes Gordon Brown (bleu clair) et Tony Blair (jaune). Ce dernier a bénéficié de la période la plus faste en terme de croissance.
  • Les courbes de John Major (gris) et de David Cameron (bleu  foncé) sont à peu près plates : leur politique a été neutre sur la répartition des hausses de revenu. 

Allemagne

La courbe de l’Allemagne, maintenant. Les différentes courbes, on le voit d’emblée, sont très similaires. Les revenus augmentent peu, ce qui est cohérent avec la culture de maîtrise des coûts salariaux. 

La répartition des hausses de revenu, sous les différents chanceliers allemands

  • La courbe grise qui correspond le mieux au mandat d’Helmut Kohl (CDU, 1982-1998) suit la pente pro-riches. Mais l’arrivée des Allemands de l’est, à partir de 1989, rend cette courbe très difficile à interpréter.
  • La courbe de Gerhard Schröder (SPD 1998-2005), d’un beau jaune social-traître, est également “pro-riches” (et anti-pauvres, pourrait-on ajouter). Il était chancelier pendant la meilleure période.
  • La courbe bleue d’Angela Merkel, période 2005-2010, est quasi plate.

France

On attend évidemment la suite, et notamment le graphique de la France…

Les impatients peuvent, entretemps, se pencher sur deux histogrammes dressés par Olivier Berruyer en 2013, sur la base des chiffres de l’Insee. L’un correspond à la période Jospin et l’autre aux gouvernements Raffarin et Villepin, Chirac étant pleinement aux commandes. Il s’agit de l’évolution par déciles du niveau de vie des ménages (revenu disponible du ménage divisé par le nombre d’unités de consommation). La lecture est un peu différente de celle des courbes de Milanovic : ce qui est comparé est la part du niveau de vie par rapport à l’ensemble au début et à la fin de chaque période. Par exemple, entre 1996 et 2002, la part du premier décile (les pauvres) est passée de 3,25% à 3,60%, ce qui représente une augmentation de 10,8 %. 

Voici le bilan de Lionel Jospin (1997-2002) : 

Evolution du niveau de vie des ménages, par décile

Commentaire d’Olivier Berruyer : “On observe ainsi clairement que 1996-2002 a correspondu à une période de grande progression de la part des revenus des plus pauvres et des plus riches, au détriment des classes moyennes et aisées”.

Et maintenant le bilan des gouvernements Raffarin (2002-2005) et Villepin (2005-2007):

La période 2002-2007 n’a pas connu la forte amélioration pour les plus pauvres constatée auparavant, mais “l’enrichissement des plus hauts-revenus s’est poursuivie au détriment principal des classes aisées”.

Les périodes Sarkozy et Hollande mériteront également un coup d’oeil attentif.

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