Les classes moyennes s'enrichissent, bonne nouvelle pour Clinton
Date: 15 September 2016 | 4:12 pm
Une bonne nouvelle de plus pour l’économie américaine. Après un nombre de créations d’emplois au-delà des espérances en juillet, le revenu médian des ménages américains connaît une augmentation historique. Selon un rapport du Census Bureau, l’indicateur a bondi de 5,2% en 2015, passant de 53.700 dollars (2014) à 56.500 dollars (après ajustement de l’inflation). C’est la hausse annuelle la plus importante depuis la première mesure de cet indicateur en 1967, et la première depuis 2007, année précédant le début de la crise économique et financière.
Avec +6,1%, les ménages hispaniques connaissent la plus grande augmentation de revenus. Chez les ménages blancs, elle est de 4,4% et chez les ménages noirs, de 4,1%. Pas de changement statistique significatif pour les foyers asiatiques en revanche. En parallèle, le taux de pauvreté a baissé de 1,2 point, soit sa plus forte diminution annuelle depuis 1968. Concrètement, 3,5 millions d’Américains sont sortis de la pauvreté en 2015 par rapport à 2014. Autant de signaux qui montrent que la population ressent de plus en plus les effets de la reprise économique.
Les démocrates savourent
Une bonne nouvelle pour les démocrates, arrivés au pouvoir en janvier 2009, juste après le début de la crise, connue outre Atlantique sous l’appellation de “Grande Récession”. La Maison-Blanche et l’équipe d’Hillary Clinton ont d’ailleurs accueilli la publication du rapport avec enthousiasme. L’un des conseillers économiques de Barack Obama se réjouit dans les colonnes du Washington Post :
“La bonne nouvelle concerne les taux d’augmentation. J’ai lu les 21 précédents rapports, dont celui-ci. Je n’en ai jamais vu un comme celui-ci, qui correspond à ce que l’on souhaiterait voir, même mieux.”
Jacob Leibenluft, conseiller politique d’Hillary Clinton, également ravi :
“Ce sont des chiffres vraiment positifs dans l’ensemble. Ils montrent un réel progrès. C’est complètement contradictoire avec la situation que Trump décrit.”
Il est vrai qu’à un moment où la candidate démocrate est dans la tourmente, ce rapport tombe à pic en invalidant en partie la rhétorique économique catastrophiste de Donald Trump. Le candidat du Grand Old Party a régulièrement utilisé la stagnation des revenus comme un argument du déclin de l’Amérique. Le rapport indique aussi que les revenus des travailleurs gagnant le moins (dont Trump cherche prioritairement à obtenir les voix) ont plus augmenté que ceux des personnes les mieux payées.
Côté républicain, on préfère mettre l’accent sur les mauvais chiffres du rapport :
“C’est très bien de voir enfin une augmentation de revenus pour les familles de la classe moyenne. Mais le plus déprimant, et je pense que c’est pour cela que le phénomène Trump s’est enraciné, c’est que l’Américain moyen est plus pauvre aujourd’hui qu’il y a 15 ans.”
Le rapport précise en effet que le revenu médian des ménages est inférieur à son niveau de 1999, et même à celui d’avant-crise de 2008, ce que ne manque pas de remarquer Aparna Mathur, spécialiste des politiques économiques au très conservateur American Enterprise Institute, dans les colonnes de Politico.
Des statistiques truquées selon Trump ?
Lors de l’écriture de ces lignes, Donald Trump n’avait pas encore réagi à la publication du rapport. Peu de chance néanmoins pour qu’il se montre embarrassé. Comme il l’avait fait début août lors de son grand discours économique à Detroit où il avait qualifié les 5% de taux de chômage de “plus grande supercherie de la politique moderne”, le milliardaire new-yorkais devrait une fois de plus réfuter les statistiques fédérales, “truquées” selon lui.
Quoiqu’il en soit, le rapport ne rend pas le message économique de Trump soudainement caduc. L’étude signale que certains groupes d’Américains n’ont toujours pas profité des bienfaits de la reprise économique. C’est le cas particulièrement de ceux vivant dans les zones rurales, qui ne jouissent pas des mêmes hausses de revenus que les citadins ou les habitants des banlieues (suburbs). Une autre étude du Census Bureau avait déjà montré plus tôt dans l’année que depuis la crise, l’activité économique dans les comtés les moins peuplés a diminué, au profit des grandes ères métropolitaines.
Pour meubler l’absence médiatique de sa championne qui se repose après son malaise, l’équipe d’Hillary Clinton a relayé sur Twitter les informations du rapport en les accompagnant de propos que Donald Trump aurait tenus en mars 2004 :
“Il semble vraiment que l’économie se porte mieux sous les démocrates que sous les républicains.”
Jérémy Hébras
Et les inégalités ?
Le rapport indique que le coefficient de Gini, qui mesure les inégalités, n’a pas connu de variation statistique sensible entre 2014 et 2015. Il s’élève à 0,479 (0 signifiant une égalité totale et 1 une inégalité totale), un chiffre 5% supérieur à la première mesure, effectuée en 1993. Cependant, l’écart de revenus entre les femmes et les hommes travaillant à temps plein est à son plus bas niveau historique. Pour un dollar gagné par un homme, une femme gagne 80 cents.