Béziers : Robert Ménard de plus en plus isolé

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Béziers : Robert Ménard de plus en plus isolé

Date: 7 September 2016 | 4:04 pm

Derrière les fenêtres de sa haute mairie, l’édile de Béziers doit se sentir bien seul. Désormais, à la tête de la sous-préfecture de l’Hérault, il y a Robert Ménard… et c’est tout, ou presque. Le “Canard Enchaîné” révèle que seulement deux ans après son élection, le maire a vu partir un à un les membres de son équipe historique, constituée en fanfare après les élections municipales victorieuses de 2014.

Robert Ménard, apôtre de la “France blanche”… et des chiffres farfelus

Départs en série

Conseil municipal évacué manu militari, saillie contre la presse locale dans le journal municipal… La chronique des échanges entre Robert Ménard et ses opposants louche régulièrement du côté du vaudeville. Mais les rapports du maire avec ses plus proches collaborateurs ne manquent pas de sel non plus. Dernier épisode en date : son directeur de cabinet, André-Yves Beck, ancienne éminence grise de Jacques Bompard – ex-maire d’extrême droite d’Orange – et communicant acide, proche de l’ultra-droite, a abandonné le navire fin août. Entre l’artisan principal du “Journal de Béziers” et Robert Ménard, les choses n’allaient plus, une “énième et violente altercation” mettant fin à leur collaboration il y a quelques semaines à peine, note “Le Canard Enchaîné”.

Le Journal de Béziers, tout un programme

Il faut dire que les choses avaient mal commencé. En juin 2014, seulement trois petits mois après son élection, patatra, monsieur le maire avait déjà dû se séparer de son chef de cabinet Christophe Pacotte. Raison évoquée à l’époque par la mairie : “rupture de confiance“. Robert Ménard n’aurait pas apprécié de découvrir dans la presse que son nouveau bras droit était toujours membre du groupuscule d’extrême-droite Bloc Identitaire.

Mais l’exercice du pouvoir a également mis le maire en délicatesse avec ses collaborateurs moins sulfureux. Laurent Vassallo, ancien membre du PS et caution de gauche du cabinet municipal dès 2014, a lui aussi claqué la porte de son bureau place Gabriel Péri cet été. Et pour cause, selon “Midi Libre”, Robert Ménard aurait… jeté une chaise dans sa direction au cours d’une explication musclée. Quand à son ancienne chargée de presse, Marie-Laure Corbière, à qui incombait la tâche d’organiser la communication de son hyperactif patron, elle a préféré changer de service et d’horizon. Tout comme, Armand Apruzzese, le directeur général des services de la ville de Béziers, en froid avec Robert Ménard depuis plusieurs mois, qui attend désormais de réintégrer la Gendarmerie, précise “Le Canard Enchaîné”.

Objectif législatives

Ces ruptures en série tombent mal pour le maire de Béziers, de plus en plus isolé dans son propre fief et dont le salut politique pourrait passer par une candidature aux élections législatives de juin prochain. Enfin pas exactement : en raison de la loi sur le non-cumul des mandats, c’est son épouse – et très influente conseillère – Emmanuelle Duverger qui se chargerait de représenter les idées du couple au palais Bourbon en cas de succès.

Problème : cette candidature périlleuse devrait avoir bien du mal à se passer du soutien du FN, un parti avec qui l’édile n’est plus franchement en odeur de sainteté. Lors du “Rendez-vous de Béziers”, les 27, 28 et 29 mai dernier, Marion Maréchal-Le Pen avait planté son hôte après que Robert Ménard a déclaré qu’il ne sert “pas de marchepied “au FN. L’édile avait même poussé la bravade jusqu’à annoncer la création de son mouvement “Oz ta droite”, vu par le FN comme un possible mouvement concurrent.

Et pour le moment, le Front national semble déjà tenir son candidat aux futures législatives : France Jamet – la fille d’Alain Jamet, ancien vice-président du FN entre 2011 et 2014 -, l’actuelle cheffe de file de la quarantaine d’élus FN et RBM que compte la région Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées. La “candidate naturelle”, selon Jean-Lin Lacapelle, secrétaire national aux fédérations du parti qui affirme néanmoins à “l’Obs” ne pas vouloir fermer la porte aux Ménard – mari et femme : “Il n’y a pas de distance entre Robert Ménard et le FN, c’est un de nos alliés. S’il souhaite se rapprocher de nous, nous l’accompagnerons pour que l’aventure continue […] La décision sera prise en fonction de la teneur des échanges éventuels entre Marine et le maire de Béziers“, explique cet ancien de chez l’Oréal, chargé par Marine Le Pen de faire le ménage dans les rangs du FN avant les législatives de juin prochain.

“Compte-tenu de l’implantation locale de Robert Ménard et des moyens du Front national, il faudra faire campagne ensemble”, confirme France Jamet à “l’Obs”.

En mai 2014, Louis Alliot, vice-président frontiste – avait reproché à l’élu bitterois de s’entourer de gens “beaucoup plus radicaux que ne le sera jamais le FN”, visant ses collaborateurs André-Yves Beck et Christophe Pacotte. Désormais libre de tout marquage municipal à son extrême-droite, Robert Ménard voudra-t-il entamer une nouvelle lune de miel avec le FN ?

Lucas Burel

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