À Albany, «Hillary (Clinton) risque de perdre à domicile»
Date: 15 September 2016 | 11:32 am
#EUROPEGOESUS – Selon les observateurs, la baisse de la participation dans cet ancien bastion démocrate pourrait profiter à Donald Trump.
Albany (État de New York)
Les élections n’en finissent pas. C’est pour cela qu’ici, à Albany, le plus vieux bastion démocrate du Nord, le duel entre Clinton et Trump risque de tourner à l’avantage de Donald l’outsider. La faute à «l’hypervote»: même le New York Times a tiré la sonnette d’alarme. «Même le plus engagé des citoyens arrivera exaspéré au bureau de vote en novembre, avertit un éditorial. Cette charge qui pèse sur les habitants est le signe du grave dysfonctionnement dont souffre de plus en plus Albany. Et ne parlons pas du gaspillage de l’argent public: 50 millions de dollars auraient pu être économisés.»
L’overdose électorale provoque une désertion des bureaux de vote
Comptoir créé en 1609 par des colons hollandais, Albany est la capitale de l’État de New York, administré par Andrew Cuomo. On y trouve également plusieurs universités de renom. Longtemps considérée comme la ville la plus moderne des États-Unis (elle fut la première à installer l’eau courante et l’électricité et inaugura un aéroport commercial en 1909), elle compte aujourd’hui moins de 100.000 habitants. De ses années fastes, la ville conserve un patrimoine architectural grandiose, qui n’est pas sans rappeler certaines capitales européennes. Pourtant, en ce jour de vote pour les primaires (encore un), elle ressemble à une ville fantôme: même la place centrale, sur laquelle se trouve The Egg, le célèbre théâtre en forme d’œuf géant, est vide. Encore et toujours. Trois primaires en moins d’un an: d’abord pour la Maison-Blanche, puis pour le Congrès et enfin pour attribuer des postes clés locaux. Ainsi, l’élection présidentielle de novembre représentera pour beaucoup le sixième (voire le septième pour certains districts) appel aux urnes en 14 mois.
«Albany a été, pendant des décennies, une pièce maîtresse de la machine démocrate», explique Bruce Miroff, professeur en sciences politiques à l’Université de Suny. «Mais, désormais, les politiques ne la considèrent plus que comme une ville de passage.» Comment cela pourrait-il en être autrement avec New York à seulement deux heures en voiture?
L’overdose électorale provoque une désertion des bureaux de vote. Les chiffres définitifs ne sont pas encore connus mais selon le journal local Times Union, seulement 11 % des inscrits se sont déplacés pour élire le juge. Les élections générales de 2014, quant à elles, avaient enregistré un taux de participation de seulement 29 %, soit le plus bas de l’histoire de l’État. Une lassitude de l’électorat qui pourrait bien profiter à Trump, selon les observateurs.
Et dire que la ville est démocrate depuis près d’un siècle… C’est là que fut créée la redoutable «Albany’s Democratic Machine», la «machine à voter démocrate» aux méthodes parfois contestables (rémunération des votes des électeurs les plus pauvres, par exemple). Cette organisation était si puissante qu’elle a permis à Erastus Corning de rester maire pendant 41 ans, entre 1942 et 1983. «Certes, l’enthousiasme est retombé, admet le professeur Miroff. Du temps d’Obama et de Biden, on voyait des pancartes partout. Il y en a moins aujourd’hui. Avant, les ouvriers et les employés votaient plutôt démocrate et les électeurs plus riches et plus instruits votaient républicain. Or, aujourd’hui, les choses se sont inversées. Et l’abstention risque de pénaliser davantage Clinton.» Effectivement, les élections n’en finissent pas. Et, pour Hillary Clinton, la situation à Albany sonne comme un avertissement.
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