6 questions sur le camp humanitaire d'Anne Hidalgo à Paris

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6 questions sur le camp humanitaire d'Anne Hidalgo à Paris

Date: 6 September 2016 | 2:42 pm

Ce sera le premier camp de réfugiés construit au coeur d’une capitale européenne. Anne Hidalgo a détaillé mercredi 6 septembre le projet de centre d’hébergement parisien. Confrontée à la multiplication de campements insalubres et dangereux, la maire de Paris avait annoncé dès le mois de mai qu’elle souhaitait s’engager fortement :

“Nous nous inscrivons dans la tradition d’accueil de notre pays et nous assumons cet enjeu de dignité humaine.”

Emmanuelle Cosse, ministre du Logement, n’a pas loupé le rendez-vous. Pas question de répéter les tergiversations gouvernementales comme lors de l’ouverture du camp humanitaire de Grande-Synthe : “Ce projet a le soutien plein et entier du gouvernement. Nous assumons une politique qui veut donner de la dignité aux personnes”, a déclaré la ministre, qui espère que l’initiative municipale donnera des idées à d’autres maires.

 

Combien de camps et où seront-ils implantés ?

En fait, le camp de réfugiés de Paris se divisera en deux centres.

– Le principal va ouvrir dans le 18e arrondissement, porte de La Chapelle, sur le site Dubois, plus de deux hectares où sera ensuite construit le Campus universitaire Condorcet. Il est destiné à accueillir des hommes isolés et abritera aussi le pôle accueil qui permettra une première orientation de tous les réfugiés. Son ouverture est prévue début octobre.

– Le second va s’installer à Ivry, dans l’ancienne usine des eaux de la ville. Il est destiné aux “publics vulnérables” : femmes et enfants. La mise en place sera un peu plus longue avec un premier accueil d’ici la fin de l’année. Philippe Bouyssou, le maire PC de la ville, se félicite d’un véritable partenariat entre Ivry et Paris : “Nous ne sommes pas mis devant le fait accompli, ce qui fait la joie d’un ‘petit’ maire de banlieue.”

Combien de personnes pourront-ils accueillir ?

Le camp de la porte de La Chapelle aura d’abord une capacité de 400 lits qui sera ensuite portée à 600.

A Ivry, 350 places sont prévues. En attendant son ouverture qui n’aura pas lieu avec la fin de l’année, les publics vulnérables seront pris en charges sur d’autres sites.

Pour quelle durée ?

L’accueil est prévu pour une durée allant de cinq à dix jours.

“L’objectif premier est une mise à l’abri avant une orientation vers un centre géré par l’Etat”, précise Anne Hidalgo.

La mairie de Paris souhaite ainsi éviter une action par à-coups : “On attend trop souvent le grossissement des campements de fortune pour agir. Nous souhaitons une prise en charge des migrants dès leur arrivée.”

Le calcul de la Ville est simple : depuis juin 2015, 15.000 personnes ont été mises à l’abri, ce qui représente 25 personnes par jour. “Il est plus facile d’intervenir pour 25 personnes que d’attendre qu’un campement grimpe jusqu’à 2.000 personnes.” De fait, seule une réelle fluidité permettra le succès du dispositif.

“Ce projet est un premier sas d’entrée pour les migrants qui arrivent sur le territoire. Il est complété par les CAO (centres d’accueil et d’orientation)”, a confirmé la ministre du Logement, Emmanuelle Cosse, qui s’est engagée à multiplier l’ouverture de places en CAO “sur tout le territoire national”. Il existe pour le moment 161 CAO répartis sur 76 départements.

Qui va gérer ce camp ?

La gestion du camp est confiée à Emmaüs Solidarité. Depuis janvier 2015, l’association a déjà acquis de l’expérience dans ce domaine avec des maraudes spécialisées auprès des migrants dans différents campements du nord de Paris. Pour le camp, elle a prévu l’intervention de 200 salariés mais assure qu’elle compte sur la présence de bénévoles. “Pour que le lieu vive, pour le vivre ensemble, nous avons besoin des parisiens”, explique Aurélie El Hassak-Marzorati, directrice générale adjointe.

Emmaüs Solidarité travaillera en lien avec d’autres organisations, le Samu social et Médecins du Monde notamment.

Combien va-t-il coûter ?

La Mairie de Paris a mis en place un protocole d’accord avec le gouvernement. La création du camp de la porte de La Chapelle représente un budget de 6,5 millions d’euros, dont la ville prend 80% en charge, soit 5,2 millions d’euros. La ville assurera aussi 50% du coût de fonctionnement, soit 1,2 million d’euros. Le reste sera financé par l’Etat.

Quant au camp d’Ivry, le budget n’est pas encore entièrement défini.

A quoi va ressembler le camp ?

Vue générale du projet du site Dubois, Julien Beller architecte

Le projet de la porte de La Chapelle s’insère dans une parcelle qui sera disponible pendant 18 mois, choisie pour sa halle. Il a été confié au jeune architecte Julien Beller : “Le défi est de construire dans l’urgence sur un bout de ville disponible pour un temps. Il fallait de l’éphémère mais du digne.”

En dehors de la “bulle”, la structure gonflable qui servira d’espace d’accueil, l’architecte organise le site en huit quartiers, chacun avec son réfectoire et ses sanitaires. Les chambres sont prévues pour accueillir quatre personnes et les douches pour huit personnes.

A partir de containers maritimes, “nous avons choisi une architecture modulaire, transportable et démontable qui pourra donc être installée ailleurs”, explique Julien Beller.

Louis Morice

 

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