Sarkozy la girouette : du Grenelle au climato-scepticisme

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Sarkozy la girouette : du Grenelle au climato-scepticisme

Date: 15 September 2016 | 2:32 pm

Si Nicolas Sarkozy émet des doutes sur les causes du réchauffement climatique, il affiche en revanche une confiance absolue dans la puissance des vents pour transformer les hommes en girouettes.

“Cela fait quatre milliards d’années que le climat change. Le Sahara est devenu un désert, ce n’est pas à cause de l’industrie. Il faut être arrogant comme l’homme pour penser que c’est nous qui avons changé le climat”, a lancé mercredi 14 septembre le nouvel émule de Claude Allègre devant l’Institut de l’entreprise.

Le climato-sceptique converti semble avoir relégué à l’ère préhistorique le Grenelle de l’environnement qu’il avait lui-même initié en 2007. Car qui déclarait cette année-là qu’il fallait “avoir le courage de reconnaître que nous ne pouvons plus définir des politiques en ignorant le défi climatique, en ignorant que nous détruisons les conditions de notre survie” ? Un certain Nicolas Sarkozy !

Une belle occasion pour Alain Juppé pour marquer sa différence dans la course à la primaire de la droite. Ce jeudi, le maire de Bordeaux s’est dit convaincu que l’activité humaine porte une responsabilité dans le réchauffement climatique : “Le nier, c’est nier la réalité.”

Dans les pas de Trump

Comment expliquer ce revirement spectaculaire ? Sarkozy “l’Américain” puise régulièrement son inspiration de l’autre côté de l’océan. Rien d’étonnant donc à le retrouver dans les pas d’un Donald Trump pour qui le réchauffement climatique est une “connerie”, un “concept inventé par les Chinois pour nuire à l’économie américaine”.

Taxe ou pas taxe

Rendons pourtant à César ce qui lui appartient. Nicolas Sarkozy avait lui-même ouvert la porte au climato-scepticisme dès 2010, lors d’une visite au Salon de l’agriculture où il avait déclaré :

Je voudrais dire un mot de toutes ces questions d’environnement, parce que, là aussi, ça commence à bien faire.”

Cela a tellement commencé à bien faire que Nicolas Sarkozy a même oublié qu’il avait signé en 2006 le Pacte écologique de Nicolas Hulot qui prévoyait l’instauration de la taxe carbone. En 2010, il a laissé à son Premier ministre François Fillon le soin d’expliquer qu’une telle taxe devrait finalement se faire à l’échelle européenne afin de “ne pas plomber la compétitivité” des entreprises françaises.

Gaz ou pas gaz

Ses prises de positions sur le gaz de schiste n’ont ensuite fait que confirmer sa capacité de dire tout et son contraire sur un même sujet. En octobre 2011, c’est Nicolas Sarkozy qui s’est, personnellement, opposé à la délivrance de permis de recherche de gaz de schiste. Quelques semaines après, il enfonçait le clou pour rassurer des opposants à des forages en Ardèche :

Dites-leur que je n’autoriserai pas l’exploitation du gaz de schiste par fragmentation hydraulique.”

Trois ans plus tard, au principe de précaution, il découvre qu’il préfère le principe de responsabilité. Car c’est toujours le même Nicolas Sarkozy qui, en septembre 2014, lance à l’occasion d’un meeting qu’il ne peut “pas accepter que les Etats-Unis soient devenus du point de vue de l’énergie indépendants grâce au gaz de schiste et que la France ne puisse pas profiter de cette nouvelle énergie alors que le chômage ravage tant de nos territoires et tant de nos familles.”

Pacte ou pas pacte

L’ancien président de la République et candidat à la primaire de la droite a bouclé la boucle en mars dernier, encore une fois au Salon de l’agriculture, lorsqu’il a affirmé regretter d’avoir apposé sa signature au Pacte écologique de Nicolas Hulot : “Est-ce que j’ai bien fait de signer ? Je me suis posé la question… C’était une façon de céder à la pensée unique, à des gens qui, au fond, ne représentent que très peu, que les médias adorent mais qui ne représentent pas grand-chose.” CDFD.

Louis Morice

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