GRAND FORMAT. Voyage dans l'Amérique des écrivains
Date: 10 September 2016 | 11:58 am
Pendant cinq ans, le photographe Jean-Luc Bertini et l’auteur Alexandre Thiltges ont sillonné les Etats-Unis pour rencontrer les plus grands écrivains.
Alors que s’ouvre le festival America, du 8 au 11 septembre à Vincennes, voici, surpris chez eux, quelques géants des lettres américaines accompagnés des paysages qui nourrissent leur imaginaire.
Jim Harrison
Chasseur, pêcheur et grand buveur, Jim Harrison est l’auteur de “Dalva” et de “Légendes d’automne”. Sur l’une de ses dernières photos, l’écrivain, décédé au printemps, prend le soleil chez lui, en Arizona. (Jean-Luc Bertini)
Jim Harrison : “Quand je broie du noir, je remonte ce cours d’eau qui se trouve derrière la maison. Je parcours parfois des kilomètres et ça me redonne mystérieusement le goût de vivre.” (Jean-Luc Bertini)
Richard Ford
Proche de Raymond Carver, Richard Ford partage son temps entre le Montana et le Maine. Auteur de romans essentiels comme “Un week-end dans le Michigan” et “Canada”, il stocke ses idées de livres dans son congélateur. (Jean-Luc Bertini)
Richard Ford : “Je fais partie d’une génération qui a été marquée par le Vietnam. J’avais 18 ans en 1962, ce qui veut dire que l’ombre de cette guerre a plané sur une bonne partie de mon existence.” (Jean-Luc Bertini)
Marilynne Robinson
Depuis que le président Obama a déclaré qu’elle était sa romancière préférée, Marilynne Robinson est devenue aussi hype que ses livres sont austères. L’auteure de “Gilead” est en effet férue de protestantisme et de théologie. (Jean-Luc Bertini)
Marilynne Robinson : “Je suis une hédoniste puritaine. Ce que j’entends par là, c’est que j’apprécie un style de vie très simple et que ma vie est centrée sur le travail.” (Jean-Luc Bertini)
Iain Levison
Le roi des jobs précaires, c’est lui. Iain Levison a longtemps habité en Caroline du Nord, dans le sud profond des Etats-Unis. Il est l’auteur de récits tirés de sa propre expérience. Son roman “Un petit boulot” a été porté à l’écran par Pascal Chaumeil et interprété par Michel Blanc et Romain Duris. (Jean-Luc Bertini)
Iain Levison : “Au cours des dix dernières années, j’ai eu 42 emplois dans six Etats différents. J’en ai laissé tomber 30, on m’a viré de neuf, quant aux trois autres, ça a été un peu confus.” (Jean-Luc Bertini)
Thomas McGuane
Le cow-boy de la littérature américaine habite au bord de la Boulder River, dans l’Ouest sauvage. Thomas McGuane est un écrivain des grands espaces, même s’il récuse cette étiquette. Quand il ne participe pas à des rodéos, il écrit dans un petit chalet en bois, au bord d’un ruisseau. (Jean-Luc Bertini)
Thomas McGuane : “Je ne crois pas plus en cette école du Montana qu’en une école américaine. Pour moi, il existe seulement deux types d’écriture. La bonne et la mauvaise.” (Jean-Luc Bertini)
William T. Vollmann
Enfant terrible des lettres américaines, William T. Vollmann est obsédé par le sexe et la violence. Lorsqu’il n’écrit pas (des romans qui atteignent souvent 1.000 pages), il sculpte, grave, peint et photographie la nuit les prostituées de Sacramento. (Jean-Luc Bertini)
William T. Vollmann : “A Sacramento, je peux m’isoler et vivre comme un ermite. Dans cette petite ville, on me fout la paix et je peux créer à mon rythme.” (Jean-Luc Bertini)
Louise Erdrich
C’est la Toni Morrison des Indiens d’Amérique. Romancière et poétesse à l’oeuvre considérable, Louise Erdrich a grandi dans le Dakota du Nord, non loin de la réserve indienne de Turtle Mountain dont sa mère ojibwé est originaire. (Jean-Luc Bertini)
Louise Erdrich : “Aujourd’hui, rien n’a changé : le gouvernement essaie d’exploiter chaque centimètre de ce pays pour en extraire du pétrole ou de l’uranium, et une bonne partie de ces terres se trouve sur les territoires indiens, ou ce qu’il en reste.” (Jean-Luc Bertini)
Donald Ray Pollock
Né dans l’Ohio, Donald Ray Pollock n’a jamais quitté sa terre natale. Après avoir travaillé jusqu’à 50 ans dans l’usine de pâte à papier locale, il se consacre à l’écriture. Son roman “le Diable, tout le temps” fait songer à David Lynch, en encore plus noir. (Jean-Luc Bertini)
Donald Ray Pollock : “J’ai toujours voulu être écrivain alors, un jour, j’ai annoncé à ma femme que je voulais écrire et elle m’a répondu : “D’accord, tu démissionnes et je te donne cinq ans. Si dans cinq ans ça ne marche pas, tu retournes à l’usine”.” (Jean-Luc Bertini)
James Crumley
Enfant du Texas, James Crumley est considéré comme un des maîtres du polar. Il est aussi l’auteur d’un formidable roman sur le Vietnam, “Un pour marquer la cadence”. (Jean-Luc Bertini)
James Crumley : “Chandler était un Anglais éduqué, alors que je ne suis qu’un cul-terreux. J’ai toujours dit que la différence entre Chandler et moi, c’est que si j’allais dans une douche pour me flinguer, moi, je ne me raterais pas !” (Jean-Luc Bertini)