Discours de Wagram : "Hollande a très peu utilisé le mot 'guerre', c'est rassurant"

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Discours de Wagram : "Hollande a très peu utilisé le mot 'guerre', c'est rassurant"

Date: 8 September 2016 | 5:31 pm

François Hollande devait parler de terrorisme. Il a en réalité fait un discours de politique générale et a posé les jalons d’une candidature en 2017. Toujours aussi impopulaire, le chef de l’Etat s’est présenté jeudi 8 septembre à l’occasion d’un colloque co-organisé par la Fondation Jean-Jaurès, le think tank Terra Nova et la Fondation européenne d’études progressistes, en défenseur de l’Etat de droit face au terrorisme. Il n’a pas ménagé ses attaques contre la droite, en particulier Nicolas Sarkozy. François Heisbourg, conseiller spécial à la Fondation pour la recherche stratégique, auteur de “Comment perdre la guerre contre le terrorisme” (Ed. Stock) nous a livré son analyse.

Terrorisme, islam, Sarkozy… ce qu’il faut retenir du discours d’Hollande

Que nous dit ce grand discours, tant attendu, de François Hollande, censé dessiner les contours de son programme pour 2017 ?

– Dans ce premier grand discours de reconquête, enfin c’est comme ça que cela est présenté, il a démarré sur les aspects, non pas sociaux et économiques, mais sur les aspects sécuritaires et régaliens. C’est la France dans le monde, la France dans l’Europe, la lutte contre le terrorisme. C’est sa façon à lui de suivre le mouvement général qui consiste à faire de l’élection présidentielle une élection qui va non pas se jouer sur le social mais sur des thèmes portant davantage sur l’idée de la France, ce qu’elle est, ce qu’elle représente. Ça permet de ne pas parler de la courbe du chômage.  

Il a pilonné la droite et sa surenchère sécuritaire…

– Bien entendu, il s’est différencié de l’offre politique à droite. Mais sur le terrain du terrorisme, il y a eu une chose curieuse : il a dit que “tant qu’il sera président de la République, il n’y aura pas de législation de circonstance”. Or, il a passé les premiers mois de l’année à essayer de constitutionnaliser l’apatridie, la déchéance de nationalité. Cela était pourtant bien une législation de circonstance.

Si il a échoué, c’est parce qu’il y a eu, quelque part, un sursaut républicain, y compris à droite, pour veiller à ce qu’il n’y ait pas la majorité nécessaire au Congrès à Versailles. On est dans un registre un peu à la Poutine. On crée un problème, et ensuite on explique ce que l’on fait pour le résoudre. Il a créé le problème de la constitutionnalisation de la loi sur la déchéance de nationalité et après il explique qu’avec lui, il n’y aura pas de législation de circonstances.

Par ailleurs, si l’état d’urgence est inscrit dans la Constitution, faire durer un état d’exception de telle sorte que ça devienne normal, c’est évidemment une innovation qui contredit un peu ce qu’il explique sur la législation de circonstance.

François Hollande a, lors des attentats, usé de la rhétorique guerrière. Il a même dit, à la façon des faucons aux Etats-Unis, avoir déclaré la guerre au terrorisme. Dans ce discours à Wagram, le mot “guerre” n’a été que très peu mentionné. François Hollande a déposé ses habits de “chef de guerre” ?   

– Non, et lorsqu’il y aura une victoire à Raqqa et à Mossoul, il ne va pas rater l’occasion de se féliciter. En revanche, oui c’est vrai, il a très peu utilisé le mot “guerre”. Et il a mis ce vocable dans la bouche de ses adversaires, en disant par exemple : “La barbarie nous a déclaré la guerre” et non pas : “J’ai déclaré la guerre à la barbarie”. Comme s’il avait commencé à prendre du champ par rapport au discours hystérisant de Manuel Valls, – qu’il avait lui-même repris et relayé – à l’Assemblée nationale et qui avait introduit la thématique de la guerre. Cela consistait alors à présenter le pays comme assiégé, voire occupé. On était dans la résistance à l’ennemi. Nous étions alors en guerre, en guerre à l’extérieur, en guerre à l’intérieur. Aujourd’hui, il ne dit plus ça, il ne dit plus que la France fait face à un véritable Etat avec une véritable armée. C’est plutôt rassurant. On est loin de la guerre civile de Manuel Valls. C’est plus mesuré.

François Hollande n’était pas préparé à affronter plusieurs attentats. Comment s’est-il débrouillé ?

– D’une très mauvaise manière. Il a contribué à démultiplier l’effet de terreur que les terroristes voulaient obtenir. La France a été dans des réactions totalement différentes de celles des autres Etats européens frappés par le terrorisme au cours des 20 dernières années. Lui et son Premier ministre ont été ceux qui en Europe, à l’exception des Espagnols en 2004, ont réagi en faisant monter davantage l’émotion et la peur dans la société.

Propos recueillis par Sarah Diffalah

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