Après Lactalis pour le lait, les éleveurs font plier Carrefour sur la viande

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Après Lactalis pour le lait, les éleveurs font plier Carrefour sur la viande

Date: 7 September 2016 | 8:38 pm

Le principal syndicat d’éleveurs, la FNB, a réussi ce mercredi soir à obtenir accord avec Carrefour qui devrait conduire à une meilleure rémunération des producteurs, après une série d’actions organisée ce jour devant des magasins de l’enseigne.

Après le lait, la viande: le principal syndicat d’éleveurs, la FNB, a réussi ce mercredi soir à obtenir accord avec Carrefour qui devrait conduire à une meilleure rémunération des producteurs, après une série d’actions organisée devant des magasins de l’enseigne. Sous le slogan de «Carrefour voleur» et à l’appel de la Fédération nationale bovine, soutenue par la première fédération d’agriculteurs, la FNSEA, des groupes de plusieurs dizaines d’éleveurs ont manifesté dans ou devant des supermarchés du groupe, parfois en «améliorant» l’affichage des prix de la viande.

À l’issue d’une réunion de trois heures avec des représentants de Carrefour, dont le PDG Georges Plassat, la FNB a annoncé avoir conclu un accord avec le distributeur, ouvrant ainsi une «nouvelle ère» pour les éleveurs. «L’intégralité des demandes de la FNB a été acceptée par le groupe Carrefour», a déclaré à l’AFP le président du principal syndicat d’éleveurs bovins, Jean-Pierre Fleury.

L’enseigne s’est engagée à présenter dans les rayons de tous ses magasins au moins 50% de «coeur de gamme», autrement dit de la viande provenance de bovins spécifiquement élevés pour leur viande et pas des vaches «de réforme», des vaches laitières trop âgées pour donner du lait, a expliqué M. Fleury. Carrefour a aussi accepté de définir la rémunération des éleveurs en fonction de leurs coûts de production. Le prix de la viande, qui n’est pas divulgué, sera révisé trimestriellement sur la base de ces coûts. «Ca c’est historique, cela ne s’était jamais fait jusqu’à ce jour avec une enseigne», a commenté M. Fleury, qui espère «une application dès la semaine prochaine».

En outre, Carrefour va mettre en place «un processus de traçabilité inversée pour garantir que l’argent que va injecter le groupe descende bien chez le producteur. Cela va bouleverser la relation commerciale», selon le président de la FNB. Enfin, un logo spécifique va être conçu pour mettre en avant le coeur de gamme.

De son côté, Carrefour s’est dit satisfait de l’accord trouvé mercredi.

Ce bras de fer a eu lieu une semaine après l’arrêt des manifestations contre le groupe laitier Lactalis menées par les éleveurs laitiers, qui avaient fini eux aussi par arracher une remontée du prix du lait fourni au géant industriel.

»» Président, Lactel, Bridel…: quelles sont les marques de Lactalis

Les autres enseignes dans la ligne de mire

Carrefour est un des principaux acheteurs de viande dans la grande distribution en France. Les actions menées dans plusieurs régions en France étaient placées sous le signe de la sensibilisation des consommateurs. Ainsi à Caen, une quinzaine d’éleveurs ont distribué des prospectus, comme à Lormont, près de Bordeaux où les tracts appellaient notamment à la mise en place du «coeur de gamme».

Mais à Issoire (Puy-de-Dôme), ils ont déposé un caddie de fumier devant l’entrée de la galerie marchande avec une banderole «Achetez de la merde». Dans plusieurs cas, les manifestants encourageaient les clients à aller acheter leur viande chez Système U, qui s’est engagé en mai à revaloriser les prix de la viande bovine de 1 euro le kilo pour les races à viande (Charolaise, Limousine, Blonde d’Aquitaine).

«Carrefour voudrait payer le charolais au même prix que les vaches allaitantes alors que ça n’a rien à voir» en termes de qualité, a déclaré le président de la FDSEA de Côte d’Or, Fabrice Faivre, pendant qu’une trentaine d’agriculteurs protestaient devant le Carrefour de Quétigny, près de Dijon. «Le juste prix serait de 4 euros le kilo minimum et aujourd’hui, quand tout va bien, on nous l’achète à 3,30 à 3,50 euro le kilo» a-t-il dit, en ajoutant que les éleveurs menaient «le même combat» que les producteurs laitiers avec Lactalis.

«Nous n’arrivons pas à couvrir nos frais de production (…) Nous estimons que nous perdons 300 euros par bête», a dit à l’AFP Laurent Courtois, de la fédération bovine du Rhône.

La FNB a dit espérer que l’exemple de Carrefour soit suivi par les autres enseignes de grande distribution en France, qu’elle a menacées d’actions dans le cas contraire. «Je ne peux pas imaginer que mon téléphone ne sonne pas demain de la part de ces autres enseignes. Dans l’hypothèse où mon téléphone ne sonne pas demain, on sait déjà que les actions vont redémarrer enseigne par enseigne», a prévenu Jean-Pierre Fleury, citant Intermarché, Leclerc, Auchan, Casino et Lidl.

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