A la Rochelle, les frondeurs démarrent la primaire en douceur

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A la Rochelle, les frondeurs démarrent la primaire en douceur

Date: 11 September 2016 | 5:00 pm

Les frondeurs ont commencé leur primaire. Mais tout en douceur. Arnaud Montebourg, Benoît Hamon, Marie-Noelle Lienemann et Gérard Filoche étaient ce week-end invités à la Rochelle par le député Christian Paul et l’eurodéputé Emmanuel Maurel. Et les quatre candidats déjà déclarés à la présidence de la République ont pris soin de retenir leurs coups. Montebourg et Hamon, les deux ex-ministres désormais rivaux, ont même eu le temps de prendre un café dimanche matin.

“A droite, ils sortent les crocs de bouchers, chez nous c’est petit-déjeuner”, s’amusait le député de la Nièvre Christian Paul.

Il faut dire que ce socialiste frondeur a mis samedi tout le monde d’accord en exhumant une vielle idée qu’on croyait enterrée : “Une grande primaire de toute la gauche et des écologistes”. Le seul moyen de “garantir l’espoir d’une alternative crédible et de “se prémunir contre l’immense défaite annoncée”, indique en préambule “l’appel du 10 septembre“, le texte adopté samedi soir à huis clos. 

L’appel lancé en ce sens début d’année dans “Libération” a il est vrai échoué. Mais il est encore temps de s’organiser veulent croire les frondeurs. Une manière, surtout, de mettre la pression sur l’appareil socialiste et les autres formations de gauche, alors que l’hypothèse d’un nouveau 21 avril se profile et que François Hollande aspire, comme son discours de Wagram de jeudi dernier le laisse penser, à se représenter. “Bien sûr qu’il est techniquement possible de l’organiser”, balaye l’eurodéputé Guillaume Balas, proche de Hamon. Dans son discours de clôture, Christian Paul a ainsi détaillé :

“Nous allons demander à rencontrer la direction du PS, les communistes les écologistes pour reprendre la discussion sans exclusive à l’égard de quiconque, et sans préalable”, a-t-il détaillé, avant d’évoquer le cas Mélenchon :

“Il dit : ‘Je ne prends pas le risque de devoir soutenir François Hollande’. je lui réponds : ‘Viens donc le battre’.”

Samedi soir, attablé dans un bar du centre-ville, Benoît Hamon ne disait pas autre chose :

Mélenchon détient la clé de la réussite ou de la défaite de la gauche. S’il la gagne, je vote pour lui les yeux fermés, je fais même sa campagne”.

Problème de taille : l’intéressé, qui ne cesse depuis cinq ans de pourfendre les trahisons socialistes, s’est déjà lancé dans la course à l’Elysée. Et n’a au demeurant nullement l’intention de participer à un scrutin organisé par le PS et auquel pourrait concourir le président sortant. 

“Qu’est ce qu’on attend ?”

Joints par Skype depuis la Fête de l’Huma, le communiste Pierre Laurent, qui milite pourtant avec ardeur pour une candidature unique à gauche de Hollande, n’a même pas été prié d’évoquer le sujet. Pas plus que l’écologiste Cécile Duflot, déjà engagée de son côté dans la primaire des écologistes. “Nous avons plein de convergences. Qu’est-ce qu’on attend ?”, a d’ailleurs interrogé Caroline de Haas, sa toute nouvelle directrice de campagne, présente dimanche à la Rochelle. Une preuve de plus que le dialogue à la gauche de François Hollande n’est pas vraiment productif.

Pour le reste, Christian Paul n’a pas manqué de rappeler aux quatre prétendants leur engagement pris en juillet “d’aller, par étapes, vers une candidature unique. Cela engage chacun et chacune d’entre nous. Chacun l’a accepté, personne ne s’en est exonéré.” Dans les faits, cette option n’est pas la priorité du moment des quatre candidats. Qui entendent d’abord profité de la tribune et de l’attention médiatique pour dérouler leurs propositions.

L’ancien inspecteur du travail Gérard Filoche a ainsi dit vouloir poursuivre “la réduction du temps de travail”, et provoqué les applaudissements des militants en appelant à manifester ce jeudi 15 septembre contre la loi Travail, “la loi la plus scélérate de l’histoire de la gauche”. Marie-Noëlle Lienemann, la dernière à s’exprimer, a elle aussi été très applaudie, notamment après avoir proposé “une loi contre le pantouflage”. 

Plus tôt, Benoît Hamon, auteur il y a quelques mois à l’Assemblée d’une proposition de loi reconnaissant le burn-out comme maladie professionnelle, a regretté que les débats sur “la réorientation de la construction européenne, la croissance, le déficit” prennent le pas sur “la souffrance au travail”. Et aussi pointé une “évolution dangereuse encouragée par Manuel Valls qui privilégie la question identitaire à la question sociale” :

“Demain, vous ne voterez pas en fonction de vos idées mais en tant que Corse, Breton ou Musulman”…

Puis l’ex-ministre de l’Education a suscité les applaudissements en assurant que “la raison invite à ce qu’il n’y ait qu’un seul candidat de gauche en 2017″… juste avant de pointer “un désaccord avec Arnaud Montebourg sur la question de la croissance”.

“La croissance n’est pas un vilain mot”, avait de son côté souligné l’ex-ministre du Redressement productif, plaidant pour une politique de relance budgétaire d’inspiration keynesienne et pour des investissements massifs dans la rénovation thermique. “Ce qui nous rapproche est plus fort que ce qui pourrait nous diviser”, a conclu l’ex-ministre.

Et puis, en fin de matinée, les quatre candidats se sont prêtés au jeu de la photo de famille, le dos tourné à l’océan Atlantique. Tout en douceur.

Rémy Dodet, à la Rochelle

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