Sur France 2, Sarkozy assume ses revirements

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Sur France 2, Sarkozy assume ses revirements

Date: 15 September 2016 | 10:31 pm

“Nicolas Sarkozy, est-ce que vous avez une conviction durable ? Ou est-ce que vous avez des vérités successives?” La journaliste Léa Salamé a résumé par ces quelques mots l’enjeu de l’émission de jeudi soir sur France 2, première édition du rendez-vous politique de la chaine publique, dans sa nouvelle formule.

Face à David Pujadas et son équipe, Nicolas Sarkozy, candidat à la primaire de la droite, a été mis face à ses contradictions. L’ex-président a usé de son habituelle force de convictions pour expliquer, thème après thème, pourquoi il avait changé d’avis. “Je suis un homme qui a des convictions, ces convictions sont assises sur 40 ans de vie politique”, a-t-il assuré. Pourtant, les revirements ne manquent pas.

Réformer la Constitution ?

“En 2007 vous vous opposiez à une modification de la Constitution, aujourd’hui vous demandez une réforme de la Constitution pour interdire le Burkini”, attaque Léa Salamé. Le candidat explique qu’il souhaite désormais réviser la Constitution pour “adapter” l’Etat de droit face à la menace terroriste. S’il reste opposé à une VIe République, Nicolas Sarkozy rappelle qu’il a fait voter une réforme en 2008 : “Moi quand j’ai voulu changer la Constitution, contrairement à monsieur Hollande, j’ai réussi”. Une allusion au recul de l’actuel président sur la déchéance de nationalité.

L’enjeu d’une réforme constitutionnelle est de pouvoir mettre en place une rétention préventive des individus fichés “S”, comme Nicolas Sarkozy le demande, alors même que le Conseil d’Etat a retoqué cette mesure.

Pourquoi les fichés S n’iront pas en centres de rétention, n’en déplaise à la droite

Accusé de surenchère avec l’extrême droite en matière de lutte anti-terrorisme, Nicolas Sarkozy insiste : “A quoi sert-il de faire des fichiers S si ces fichiers S qui portent atteinte à la sûreté de l’État, on n’en fait rien, on ne les examine pas, on les interroge pas, on les met pas en rétention?”

“Est-ce qu’on peut faire mieux ? Oui. Est-ce qu’on peut faire différemment ? Ma réponse est oui. Sinon, c’est pas la peine d’être candidat à la présidence de la République”.

Des ministres mis en examen ?

Entre 1993 et 1995, Nicolas Sarkozy était ministre d’un Edouard Balladur qui, lorsqu’un membre du gouvernement était mis en examen, exigeait son départ. Puis, durant le quinquennat Sarkozy, ses ministres Georges Tron, Eric Woerth et Brice Hortefeux ont dû quitter le gouvernement quelques temps après avoir été mis en cause par la justice.

Aujourd’hui, Nicolas Sarkozy n’appliquerait pas la “jurisprudence Balladur” : “Non. Je crois beaucoup à l’Etat de droit et à la présomption d’innocence. J’ai trop vu ce qui s’est passé avec M. Baudis qui a été insulté, bafoué” à tort, dit-il dans une allusion à l’ancien maire de Toulouse.

“Le respect de la présomption d’innocence, ça compte.”

Nicolas Sarkozy fait bien d’insister… car il est lui-même deux fois mis en examen, dans l’affaire Bygmalion (pour financement illégal de sa campagne présidentielle de 2012) et dans l’affaire des écoutes. Un point faible que François Fillon ne se prive pas d’exploiter : “Qui imagine le général de Gaulle mis en examen ?”, a lancé son adversaire de la primaire.

La suppression du mariage pour tous ?

Concernant le mariage des couples homosexuels, Nicolas Sarkozy assume son revirement :

“J’ai réfléchi, j’ai évolué, j’ai hésité.”

Fin 2014, en pleine campagne pour la présidence de l’UMP, il s’était pourtant prononcé pour l’abrogation de la loi Taubira. Ce n’est plus le cas. “Je dis aux homosexuels qu’on ne les démariera pas, ils pourront se marier, par ailleurs je précise que je suis opposé à la gestation pour autrui pour les couples homosexuels comme pour les couples hétérosexuels, très opposé à la fiscalisation des allocations familiales”, a-t-il précisé sur France 2. “Je pense, après y avoir réfléchi très profondément, que la France a bien d’autres problèmes que rouvrir la guerre sur le ‘mariage pour tous’.”

Le réchauffement climatique, un défi ?

Nicolas Sarkozy a aussi été interrogé sur ses récentes déclarations selon lesquelles l’homme ne serait “pas le seul responsable” du changement climatique. Sur France 2, lui qui avait signé le Pacte écologique de Nicolas Hulot en 2007 a tenté de préciser sa pensé :

“Plus personne ne peut rien dire sans que l’on caricature. Le premier défi n’est pas le réchauffement climatique. Il est d’ordre démographique. Il faut lutter contre le changement climatique, mais la première cause, c’est le nombre d’habitants sur la planète.” 

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Au revoir les 3% ?

Interrogé par François Lenglet sur la rigueur budgétaire et la règle des 3%, Nicolas Sarkozy explique qu’il faut lâcher du lest. C’est pourtant le même homme qui, lorsqu’il était président, voulait inscrire une “règle d’or budgétaire” dans la Constitution.

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En matière d’immigration aussi, Nicolas Sarkozy a changé d’avis. Lui qui, ministre de l’Intérieur en 2004, avait signé les accords du Touquet permettant les contrôles des réfugiés avant qu’ils n’embarquent pour le Royaume-Uni, déclare désormais :

“Nous ne sommes pas les garde-frontières de l’Angleterre”.

“Vous avez tellement changé”, a relevé Léa Salamé au cours de l’émission. “Est-ce que c’est le même homme? Lequel des deux je dois croire ?”

Baptiste Legrand

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