Présidentielle 2017: une élection à quatre tours

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Présidentielle 2017: une élection à quatre tours

Date: 9 September 2016 | 6:32 am

Contrairement aux élections précédentes, la présidentielle de 2017 ne comportera pas deux mais bien quatre tours. La primaire de la droite prévue en novembre constituera un tour de chauffe qui s’annonce décisif pour la suite.

Vous pensiez que le premier tour de l’élection présidentielle était prévu le 23 avril 2017? Détrompez-vous. Il arrive beaucoup plus vite que prévu. Non pas que l’Etat ait changé les dates sans vous prévenir, mais compte tenu de la primaire de la droite et des récents sondages, l’élection présidentielle se jouera virtuellement en quatre tours. Et le premier est dans trois mois. 

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“2017 sera une élection très singulière, confirme à L’Express Philippe Braud, professeur émérite de sociologie politique à Sciences Po et chercheur au Cevipof. Le premier tour aura en fait lieu le 20 novembre prochain, lorsque s’ouvrira la primaire de la droite”. Pour l’enseignant-chercheur, la singularité de l’élection vient notamment du fait qu’un des participants du second tour de la présidentielle est d’ores-et-déjà connu: Marine Le Pen, la présidente du Front national. Et parmi ses adversaires, les choses vont se jouer bien en amont. 

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Qui pour affronter Marine Le Pen?

“Les intentions de vote créditent la présidente du parti d’extrême droite de 30% des voix. Dans les urnes, elle devrait en recueillir environ 25% le 23 avril prochain, date du premier tour de la présidentielle. Sa place est quasi-assurée. Reste à savoir qui sera ensuite en face d’elle… et là, il n’y en a plus qu’une à prendre”, résume le chercheur. 

Marine Le Pen le 17 juin 2016 à Voesendorf en Autriche

Marine Le Pen le 17 juin 2016 à Voesendorf en Autriche

afp.com/HERBERT NEUBAUER

Si la bataille pour accéder au second tours’annonce encore plus âpre qu’à l’accoutumée, c’est que le candidat qui affrontera Marine Le Pen est sûr de l’emporter, croit savoir le chercheur. “Il y a un paradoxe évident pour cette élection, c’est-à-dire que si Nicolas Sarkozy ou François Hollande se retrouvent au second tour de la présidentielle, l’un des deux sera à nouveau élu malgré leur forte impopularité”. Et au concours du candidat le moins populaire, Philippe Braud assure que l’ex-chef de l’Etat l’emporte haut la main. “La ‘Sarkophobie’ est plus forte que la ‘Hollandophobie’. L’ancien président irrite beaucoup, tandis que l’actuel ne fait ‘que’ décevoir”. 

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La participation à la primaire de la droite, un élément clef

A droite, la concurrence s’annonce donc rude. Si au PS le vainqueur de la primaire de la Belle alliance populaire ne fait guère de doute tant elle a été taillée pour François Hollande, il reste des incertitudes du côté du parti Les Républicains. Et encore, une fois le vainqueur désigné, elles ne seront pas toutes levées. 

“Le taux de participation va être décisif sur le nom du vainqueur, explique Philippe Braud. Plus la participation sera faible, plus il y a de chances pour que ce soit les sympathisants et les militants du parti qui se déplacent massivement [réputés pro-Sarkozy, NDLR], et plus l’ex-président a de chances de l’emporter. Et inversement”. 

Le spectre de 1995

Autre inconnue de ce scrutin: le respect du résultat. Théoriquement, les perdants sont censés se ranger derrière le vainqueur, comme l’avait fait les différents candidats lors de la primaire socialiste en 2011. Mais de la théorie à la pratique, il y a un gouffre.  

“Si Nicolas Sarkozy gagne, il y a peu de chances qu’Alain Juppé, plus loyal que son principal adversaire, se lance en solo”, assure l’enseignant-chercheur qui émet toutefois un bémol: “sauf si Alain Juppé devait constater des irrégularités dans le scrutin”. 

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En revanche, si le maire de Bordeaux l’emporte au second tour de la primaire, le 27 novembre, une candidature en solitaire de Nicolas Sarkozy n’est pas un scénario impossible assure l’enseignant-chercheur. Deux candidats issus d’un grand parti de la droite s’affronteraient alors, comme en 1995 (souvenez-vous de la bataille Jacques Chirac contre Edouard Balladur). Avec les conséquences que l’ont connait.  

“Nicolas Sarkozy ne peut pas gagner dans ce cas de figure, assure l’enseignant-chercheur. Cela reviendrait à se tirer une balle dans le pied, ainsi que dans son camp. Il échouera et fera chuter Alain Juppé”. Si l’on suit le raisonnement du chercheur, il laisserait alors un boulevard à la réélection de François Hollande. 

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