PopularAsk.net – Your Daily Dose of Knowledge

M.I.A., Céline Dion… La sélection musicale de "l'Obs"

M.I.A., Céline Dion… La sélection musicale de "l'Obs"

Date: 9 September 2016 | 12:42 pm

Le choix de “l’Obs”

♥♥♥ “A.I.M.”, par M.I.A. (Polydor/Universal).

Dans la chatoyante catégorie socioprofessionnelle des “belles et rebelles”, M.I.A. mérite les félicitations du jury à l’unanimité. Elle a demandé à Barack Obama, sur Twitter, de rendre son prix Nobel de la Paix. La National Football League lui a réclamé en justice 16,6 millions de dollars pour avoir fait un doigt d’honneur pendant son concert, à la mi-temps du Super Bowl. Dans sa vidéo “Borders”, titre christique sur les migrants, que l’on retrouve sur son nouvel album “A.I.M.”, M.I.A. portait un faux maillot du PSG, avec, à la place de “Fly Emirates” (slogan du sponsor de l’équipe), “Fly Pirates” : pirates de l’air. Elle a même osé attaquer le mouvement Black Lives Matter, défendu par ses collègues Beyoncé et Kendrick Lamar, sur le thème :

“Est-ce que Beyoncé ou Kendrick Lamar vont dire ‘Muslim Lives Matter’ ou ‘Syrian Lives Matter’ ? […] C’est un problème plus intéressant. Et tu ne peux pas le dire dans une chanson distribuée par Apple, tu ne peux pas en faire un tag sur Twitter, Michelle Obama ne va pas te soutenir.”

Et quand le “New York Times” publie un article pour dire qu’elle vit avec le fils d’un milliardaire, elle réplique en tweetant le numéro de téléphone de l’auteur du papier.

Britannique de culture tamoule, née sous le nom de Mathangi Arulpragasam, M.I.A. est interdite de visa aux Etats-Unis pour avoir naguère vanté l’action des Tigres tamouls au Sri Lanka, d’où sa famille est originaire. A 41 ans, elle revient avec une œuvre vivace aux rythmes frénétiquement dancehall, dont les frontières sont le thème central. Exemple : “Visa”, trémoussante chronique romancée des démêlés de M.I.A. avec les douaniers.

Qui sont les vraies filles badass de la musique ?

Officiellement, “A.I.M.” serait son “dernier album”, dit-elle. Mais on n’est pas obligé d’ajouter foi à ses coquetteries de diva londonienne. Le disque est bourré de petits missiles mélancolico-burlesques comme “Bird Song” (“Fredonnant plus haut que le drone, la colombe pleure”). Chanson coproduite avec son ex-petit ami, Diplo, du groupe Major Lazer, dont l’influence semble se propager sur tout le disque : écoutez donc “Talk” et l’inflammable “AMP (All My People)”, où M.I.A. démolit ses détracteurs à “l’acné monstrueuse”, non sans les maudire en évoquant les noms de deux célèbres rappeurs assassinés : “You Can’t Tupac Me/You Can’t Biggie Me.”

Longue vie à M.I.A., dégommeuse, inglorious bastard, moitié moment de la conscience humaine, moitié emmerdeuse. Fabrice Pliskin

Jazz

♥♥♥ “Celebrating Elvin Jones”, par Will Calhoun (Motéma/MustHaveJazz)

Que reste-t-il au rock ? interrogeait une vieille pub pour le “Carmina Burana” de Carl Orff. On se le demande devant cet hommage au batteur fétiche de John Coltrane. Aux baguettes, Will Calhoun est impérial : cet homme-là maîtrise un drive explosif, à la fois précis et surpuissant. Il n’a pas cofondé pour rien le Living Colour dans une vie antérieure, qui savait faire bouillir jazz, funk et métal dans la même marmite avant de projeter sa fusion à la face du racisme américain.

Ici, il a su s’entourer : Antoine Roney (sax), Carlos McKinney (claviers), Keyon Harrold (trompette) sont impeccables ; et Christian McBride, ce gymnaste olympique de la contrebasse, a des fulgurances extraordinaires. Coltranien, forcément coltranien. Grégoire Leménager

Ambient

♥♥ “Goodbye to Language”, par Daniel Lanois (Anti)

Pour une oreille pressée, c’est le genre de musique de relaxation qu’on diffuse dans les salons de massage. L’oreille pressée ferait mieux de se relaxer. Ce disque conçu à partir de sons de steel guitar fait miroiter toutes sortes de nuances, de sons et d’harmoniques qui apparaissent et disparaissent comme par enchantement. De la part du mage canadien qui a produit des chefs-d’œuvre comme le “Oh Mercy” de Bob Dylan ou “The Noise” de Neil Young, tant de raffinement n’est pas si étonnant.

Et puis renoncer au langage, dans une époque où certains sont prêts à dire n’importe quoi pour faire causer d’eux, ça ne fait pas de mal. G.L.

Classique

♥♥♥♥ “Concert à Seattle (1964) : Beethoven (op. 53), Chopin (op. 2), Prokofiev (opp. 22 et 28), Debussy (‘images’ i), Prokofiev, Ravel”, par Emil Gilels (piano) (Deutsche Grammophon)

Bien oublié aujourd’hui comme presque tous les pianistes morts, Gilels le lion a été un artiste incomparable, d’une puissance et d’une virtuosité ahurissantes, mais souple et capable de chanter comme une diva : en vérité, une des plus belles sonorités de l’histoire du piano moderne, avec Arrau et Horowitz. Et toujours inattendu, original, fantasque.

Son orageuse “Alborada”, d’une violence électrique, laisse sur place toutes les autres, et son prélude de Bach/Siloti vous tire les larmes, avec son élégance toute mangée de désespoir. Jacques Drillon

Pop

♥♥ “Foreverland”, par The Divine Comedy (Divine Comedy Records).

Ah, les bienfaits de la campagne irlandaise ! Neil Hannon, comme son épouse, la rockeuse Cathy Davey, aura attendu six ans avant d’accoucher d’un nouveau disque. Pour son onzième album, le coquet chanteur compose, arrange et produit. Et l’on retrouve avec plaisir les historiettes enchantées d’un Lewis Carroll pop rock. Fanfare mélancolique, cordes pompières, touches de clavecins, piano bastringue, zeste d’accordéon, banjo arabisant… Neil accommode Satie et John Barry, Michael Nyman et Ravel. Sa voix rock évoque le Bowie de “Lodger”, un Bryan Ferry des années 1930, le McCartney bucolique.

En Ray Davies mineur, ses chansons racontent un film en deux émotions et trois mouvements : l’engagement romantique de Gary Cooper dans “Beau Geste” fait la courte échelle à l’élégance grinçante rex-harrisonienne de “My Fair Lady”, les ensoleillements de Wordsworth succèdent à l’humour cinglant de George Bernard Shaw. Hannon ouvre un boogie par le braiment d’un âne ou s’offre un duo à l’heure du thé avec Cathy. Saine exubérance. François Armanet

C’est raté

“Encore un soir”, par Céline Dion (Sony/Columbia).

Et soudain l’ennui s’abat sur vous comme une canicule. Céline Dion sort douze chansons (elle s’en garde trois pour l’édition “Deluxe”). L’ensemble est à la fois hétéroclite et formaté, les arrangements surchargés. Disque à gros budget, disque surfait.

Pour sa sempiternelle reconquête du territoire français, la Québécoise a fait appel à nos auteurs : son ami Jean-Jacques Goldman, Serge Lama, Francis Cabrel, Grand Corps Malade. Mais sa voix reste aussi nuancée qu’inhabitée.

Nouvel album de Céline Dion : encore une daube

Dans les meilleurs moments, c’est sirupeux (“Encore un soir” et “Plus qu’ailleurs”), dans les pires c’est carrément bruyant.

La jeune Zaho, en particulier, entendra ses chansons (“Ma faille” et “Tu sauras”) massacrées sur des succédanés de musiques tribales assommantes. Assommant, c’est le mot. Sophie Delassein

Source link

Exit mobile version