Comment Trump compte profiter du moment de faiblesse de Clinton
Date: 13 September 2016 | 3:42 pm
Avoir l’avantage. Une situation que Donald Trump n’a plus connue depuis la Convention républicaine en juillet. Sur la défensive depuis, le candidat républicain se retrouve aujourd’hui de nouveau en position de force à la faveur d’une séquence politique désastreuse pour Hillary Clinton : elle a insulté ses électeurs vendredi (et présenté ses excuses ensuite) puis a été au centre d’un imbroglio médiatique dimanche à la suite d’un malaise, d’abord annoncé comme un “coup de chaud” avant que l’on apprenne que la candidate démocrate souffrait d’une pneumonie, diagnostiquée deux jours plus tôt. Sommée de se reposer, Clinton a annulé ses obligations de campagne lundi et mardi, offrant à Trump le champ médiatique complètement libre.
Pour optimiser au mieux cette opportunité aussi incroyable qu’inespérée, l’équipe de campagne de Donald Trump a mis en place une stratégie suivant deux axes :
- Laisser les médias parler de la santé d’Hillary Clinton
- Se concentrer sur les insultes de celle-ci envers “la moitié” des électeurs de Trump, “racistes, sexistes, homophobes, xénophobes, islamopobes” et que l’on pourrait, selon elle, ranger dans “le panier des pitoyables”.
Pas un mot de Trump sur la santé de Clinton
Sur le premier point, Trump s’est montré très discipliné. Alors qu’il a régulièrement mis en doute durant la campagne la capacité de Clinton à être présidente en raison de sa santé jugée fragile, il s’est contenté de souhaiter un rétablissement rapide à son adversaire lors d’interviews à Fox News et CNBC lundi matin. Une réaction inhabituellement sobre qu’aucune déclaration à l’emporte-pièce et qu’aucun tweet ravageur n’est venu ternir jusqu’à maintenant.
Poursuivant sa journée avec deux interventions publiques à Baltimore (Maryland) et Asheville (Caroline du Nord), Donald Trump est revenu sur le “mépris” d’Hillary Clinton à l’égard de ses électeurs :
“Vous ne pouvez pas diriger cette nation si vous avez une opinion aussi basse de son peuple.”
Une publicité négative accompagne également ces déclarations. Diffusée dans plusieurs Etats-clefs (Pennsylvanie, Ohio, Floride et Caroline du Nord), la vidéo accuse Hillary Clinton d’attaquer “des gens comme vous, vous et vous” avant de se terminer sur les mots “vicieusement diabolisatrice”. Des mots repris par Trump dans son discours de Baltimore, un signe de la récente coordination entre Trump et son équipe de campagne. Le message à faire passer est simple : voici la vraie Hillary Clinton. “Elle était détendue, elle était avec des amis, elle était à une levée de fonds, et donc la vraie Hillary a surgi”, a déclaré à Politico un représentant républicain qui soutient Trump.
Face à “la campagne de haine de [son] adversaire” qui ne propose “aucune politique, aucune solution, aucune idée novatrice”, le magnat de l’immobilier veut apparaître comme l’unique candidat incarnant “une vision de l’espoir” avec “un plan détaillé pour la réforme et le changement”. Toujours dans le but de faire apparaître son candidat comme présidentiable aux yeux des Américains, l’équipe de Trump a également annoncé avoir reçu le soutien de R. James Woolsey, un ancien directeur de la CIA. Mais pour l’instant, six Américains sur dix considèrent encore que Trump n’est pas compétent pour diriger les Etats-Unis, selon un sondage ABC/Washington Post publié ce week-end.
Faut-il croire à la remontée de Trump dans les sondages ?
Trop tard pour Trump ?
L’équipe d’Hillary Clinton a contre-attaqué sur les réseaux sociaux, postant sur Twitter ce mardi une compilation d’insultes de Donald Trump à l’égard des femmes, des musulmans et des hispaniques (entre autres), s’interrogeant sur sa “basse opinion” du peuple américain.
“You can’t lead this nation if you have such a low opinion for its citizens.” —Donald Trump
About that. pic.twitter.com/pij0atGrgK
— Hillary Clinton (@HillaryClinton) 12 septembre 2016
Mais preuve que le momentum est en faveur de Trump, un ancien conseiller d’Obama, David Axelrod, a tweeté :
“Les antibiotiques peuvent traiter la pneumonie. Quel est le remède contre un penchant malsain pour la confidentialité qui crée à plusieurs reprises des problèmes inutiles ?”
Même si voir son adversaire attaqué par son propre camp tout en occupant seul l’espace médiatique est idéal pour Donald Trump, il se pourrait que cela ne suffise pas à faire pencher la balance en sa faveur. C’est ce que pense un sondeur républicain cité par le “New York Times” : “Hillary Clinton a clairement gagné l’été, et il y a peu de doute sur le fait que Donald Trump s’est creusé un trou très profond après les conventions. Alors que Trump commence maintenant à s’échapper de ce trou, son aptitude à tirer profit de quelques mauvaises semaines pour Clinton est limitée par des opinions persistantes sur son jugement, son caractère et sa rhétorique à l’égard des minorités et des femmes.”
Jérémy Hébras