Caroline De Haas : "J'ai accroché avec Cécile Duflot pour sa sincérité"
Date: 7 September 2016 | 12:55 pm
Elle a fondé Osez le féminisme! Elle a réuni 1,3 million de signatures avec sa pétition contre la loi Travail. Elle a claqué la porte du PS. Aujourd’hui, Caroline De Haas devient la directrice de campagne de Cécile Duflot, candidate à la primaire d’Europe-Ecologie-Les Verts pour la présidentielle de 2017. Elle explique ce choix.
Après avoir demandé d’oser le féminisme, vous proposez en quelque sorte d’oser Cécile Duflot ?
C’est d’abord parce qu’elle est la mieux placée pour rassembler la gauche. Mon objectif, c’est de faire en sorte qu’une majorité de gauche arrive au pouvoir pour changer pour de vrai la vie des gens. Il ne suffit pas de dire qu’il faut du bio dans les cantines. Il faut prendre des responsabilités politiques et impulser de vrais changements, pour de bon.
J’ai un engagement syndical, j’ai fondé une association. L’enjeu est toujours le même : changer la vie des gens. La société civile joue un rôle essentiel. L’IVG, le droit de vote des femmes, ce n’est pas tombé du ciel ! Elle peut peser sur la politique.
Mais pourquoi Cécile Duflot ?
Elle me donne de l’espoir, dans une période difficile pour la gauche et à un moment où le gouvernement a tourné le dos à ses engagements. Nous avons besoin à l’Elysée d’une personne déterminée, engagée en faveur de l’écologie et de la justice sociale.
Avez-vous déjà travaillé ensemble ?
Nous nous connaissons depuis quelques années. J’ai travaillé avec Benoît Hamon, je m’entends très bien avec Pierre Laurent, avec les socialistes frondeurs… C’est dans le cadre de ces échanges au sein de la gauche que je l’ai rencontrée.
Mais j’ai vraiment accroché il y a deux ans, lors d’un dîner que Stéphane Sitbon [ex-conseiller de Cécile Duflot, NDLR] a organisé chez lui. Ce que j’apprécie surtout chez Cécile Duflot, c’est sa sincérité. Les injustices, ça la révolte dans ses tripes. Elle est l’anti-cynisme incarné. Sa détermination est très forte. Elle est consciente qu’on vit dans un monde où des intérêts contradictoires s’affrontent, mais elle tient bon face aux lobbies. Avec elle, on n’est pas dans le consensus mou, et même s’il faut parfois passer par des compromis, elle fixe un horizon.
Vous, la féministe, la militante anti-loi Travail, vous voici devenue écologiste ?
– Sur le tard ! Deux trucs m’ont fait basculer. Le premier, c’est les gosses. Un jour, alors qu’on rentrait de la crèche, je me suis penchée sur la poussette et je me suis prise les pots d’échappement dans la figure. Bien sûr, je savais qu’il y avait de la pollution, mais là, je l’ai vécu, j’ai senti l’air que respirent nos enfants tous les jours sur les trottoirs.
Le deuxième truc, ce sont mes échanges avec Elliot Lepers [web activiste qui a notamment participé à la campagne d’Eva Joly en 2012, NDLR]. J’avais le sentiment qu’il me manquait un élément déterminant pour comprendre le monde dans lequel on vit. Avec lui, j’ai compris que l’écologie était une grille de lecture essentielle.
Vous avez remporté des succès médiatiques, que ce soit à la tête d’Osez le féminisme ou en lançant une pétition contre la loi Travail. Quel style comptez-vous donner à la campagne de Cécile Duflot, depuis votre poste de directrice de campagne ?
– Il est encore trop tôt pour le dire précisément ! Mais ce qui me semble prioritaire, c’est de faire venir de nouvelles personnes à la politique. Nous avons besoin de propositions nouvelles pour créer des débats, nous avons besoin de forces militantes.
Loi travail : Caroline De Haas, madame “non merci”
La gauche est aujourd’hui en pleine décomposition. Est-il encore possible d’éviter un second tour entre la droite et l’extrême droite ?
Moi, je n’écrirais pas l’histoire politique à l’avance… Il peut y avoir des surprises ! Oui, c’est vrai, la gauche politique ne va pas bien. Mais regardez ce qu’il s’est passé sur la loi Travail. Des millions de personnes mobilisées contre le projet de loi, et on s’est rendu compte que des gens très différents étaient capables de se parler. La gauche, dans ce pays, elle est là, elle est vivante, elle est dynamique. Cécile Duflot nous donne l’espoir de reconstruire une gauche majoritaire.
Propos recueillis par Baptiste Legrand