Osiris-Rex est partie chercher des grains d'astéroïde

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Osiris-Rex est partie chercher des grains d'astéroïde

Date: 8 September 2016 | 11:47 pm

La mission Osiris-Rex de la Nasa a décollé de la Floride pour une mission de sept ans vers un astéroïde proche de la Terre.

La sonde Osiris-Rex de la Nasa a décollé de Cap Canaveral (Floride) dans la nuit de jeudi à vendredi, pour une mission très ambitieuse à destination d’un astéroïde. L’objectif de la mission est d’aller prélever des échantillons à la surface de l’astéroïde Bennu, et de les rapporter sur Terre. «Bennu est une cible très intéressante, car on sait grâce à des analyses à distance que c’est un astéroïde riche en carbone, qui a très peu évolué depuis les débuts du système solaire», précise Patrick Michel, astrophysicien, directeur de recherche CNRS à l’Observatoire de la Côte d’Azur à Nice et membre de l’équipe scientifique de la mission américaine. L’étude poussée des matériaux qui composent l’astéroïde devrait donner des informations inédites sur la formation des planètes et notamment sur les circonstances qui ont permis l’émergence de la vie sur Terre.

Le choix de Bennu comme cible de la mission n’est pas lié au fait qu’il pourrait risquer de frapper la Terre vers la fin du XXIIe siècle, assure Patrick Michel. «Le risque d’impact est très faible, de moins d’un dixième de pourcent, et il devrait encore se réduire au fur et à mesure qu’on réduit les incertitudes sur sa trajectoire», explique l’astrophysicien français. Au début de la découverte d’un astéroïde, son orbite est mal connue, et la zone d’incertitude sur sa position à un instant donné dans le futur est très étendue; l’orbite peut donc parfois recouvrir la position de la Terre, et correspondre à une probabilité d’impact non nulle. Mais en général, réduire l’incertitude permet d’exclure le risque d’impact.

Bennu, avec un diamètre proche de 500 mètres, présente en fait des caractéristiques physiques qui le rendent très adapté pour la mission. Son orbite est assez proche de celle de la Terre pour raccourcir le temps de voyage de la sonde Osiris-Rex, et sa vitesse de rotation (un tour toutes les 3,3 heures) n’est pas trop rapide, ce qui facilite l’atterrissage à sa surface. Cette opération critique est prévue pour le mois de juillet 2020, après un an et demi d’observation et de caractérisation de l’astéroïde.

Contrairement à Philae, qui a été lâché par Rosetta sur la comète 67P sans aucun contrôle sur la descente, Osiris-Rex va devoir se rapprocher lentement de la surface de Bennu puis déployer un bras articulé qui prélèvera entre 60 grammes et un kilogramme de poussière et de grains de l’astéroïde. «On ne peut pas se permettre d’abîmer la sonde pendant cette phase très critique, car après il faut revenir sur Terre avec les échantillons, c’est une contrainte totalement nouvelle», rappelle Patrick Michel.

Osiris-Rex, au sommet de la fusée Atlas-V, avant son lancement.

Osiris-Rex, au sommet de la fusée Atlas-V, avant son lancement. Crédits photo :

En septembre 2023, Osiris-Rex lâchera la capsule contenant les échantillons, et celle-ci redescendra sur Terre sous parachute, dans le désert de l’Utah. 

La mission américaine n’est pas la seule en route vers un prélèvement d’échantillon d’un astéroïde. C’est aussi l’objectif de la mission japonaise Hayabusa 2, lancée en décembre 2014 vers l’astéroïde 162173 Ryugu. Pour améliorer les chances de succès de ces deux missions risquées, les agences spatiales américaines et japonaises ont partagé des membres entre les deux missions et facilitent les échanges d’informations. En 2010, la mission japonaise Hayabusa, après de très nombreuses péripéties, avait réussi à rapporter quelques grains de l’astéroïde Itokawa. Mais la quantité était très réduite et l’astéroïde n’était pas très primitif, donc bien moins intéressant que Bennu.

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